Robert Pirès a été blessé deux fois au cours de sa prestigieuse carrière de footballeur, de deux ruptures du ligament croisé, une à chaque genou, en 2002 et en 2006. La première blessure lui a fait manquer la Coupe du Monde de 2002.
Le Champion du monde de 1998 revient sur ses deux expériences qui auraient pu être tragiques pour sa carrière.
Lamedecinedusport.com (LMDS) : Lors de votre première blessure que vous êtes-vous dit quand votre genou a lâché ?
Le jour où je me suis blessé, je n’ai pas eu envie de croire à une rupture du ligament croisé. Je n’attendais qu’une seule chose : le diagnostic de mon chirurgien, le Docteur Franceschi. Et c’est à ce moment-là que la nouvelle tombe, quand le Docteur Franceschi me dit que c’est le croisé, il m’annonce ensuite que j’en ai pour 6 mois, et je réalise alors que la Coupe du Monde est finie pour moi…
LMDS : La première fois avez-vous hésité à vous faire opérer ?
J’avais deux diagnostics : d’un côté, on me disait que je pouvais aller jusqu’à la Coupe du Monde mais avec un risque, de l’autre, on me disait qu’il fallait absolument que je me fasse opérer de toute urgence. Donc j’avais un doute. Les deux chirurgiens que j’ai consultés m’avaient dit que je devais passer par l’opération. Ce n’était pas simple, il fallait prendre une décision difficile. J’ai donc décidé de faire une croix sur la Coupe du Monde 2002 et de penser à ma santé en priorité. J’ai donc été opéré 3 semaines plus tard, le temps que le genou dégonfle et que tous les hématomes soient partis. Je me suis fait opérer les deux fois en 2002 puis en 2006 à Marseille par le Docteur Jean-Pierre Franceschi, c’est grâce à lui que j’ai pu continuer à jouer au football !
LMDS : Lors de la seconde blessure, avez-vous compris qu’il s’agissait de nouveau d’une rupture du ligament croisé antérieur ? Comment l’avez-vous vécu ?
Cette fois j’ai tout de suite su que c’était le croisé. J’avais eu exactement la même sensation que lors de la première blessure, donc je me suis dit que c’était reparti pour 6 mois d’arrêt. C’était très dur, parce que je venais d’arriver au club de Villarreal, les dirigeants du club ont investi beaucoup sur moi, et je savais que j’allais de nouveau manquer 6 mois de compétition. Mais cette deuxième fois, je connaissais le parcours difficile qui m’attendait, ma première expérience m’avait appris la patience, la rééducation et forgé mon caractère.
LMDS : Avez-vous ressenti une pression de la part de vos dirigeants pour reprendre la compétition plus tôt ? Quels ont été les délais de récupération pour les deux blessures ?
Que ce soit à Arsenal en 2002 ou à Villarreal en 2006, à aucun moment je n’ai ressenti de pression pour que je reprenne plus tôt. On savait tous que c’était minimum 6 mois d’arrêt. Mon premier contact avec le ballon et le jeu, c’était environ 4 mois et demi après l’opération. Avec les médecins et le Docteur Franceschi, on avait établi une ligne de conduite et je n’ai pas été plus vite que ce qui était prévu. Je n’avais pas envie de précipiter mon retour, j’ai donc pris mon temps.
LMDS: Avez-vous eu peur de ne pas retrouver votre meilleur niveau ?
Non jamais, car ça se travaille, et on ne les perd jamais. En fait, ce dont j’avais peur c’était de rechuter, surtout lors des premiers contacts, et puis, quand on voit que ça tient, vous n’y pensez plus.
LMDS : Au bout de combien de temps après l’opération êtes-vous revenu à la compétition ?
Plus de 6 mois après l’opération. Le plus important, était pour moi de retrouver mes sensations. Le plus dur est de vite retrouver le feeling avec le ballon que l’on perd rapidement. Mais ça reste tout de même une étape intéressante.
LMDS : Quel bilan faites-vous sur ces deux expériences ?
Je ne regrette en aucun cas mes décisions, même si la première opération n’a pas été facile à prendre. Quand on est sportif professionnel, on peut se blesser, il suffit de peu. Malheureusement, ça m’est donc arrivé lors de la saison 2002. C’est important de vite rebondir après. Ces deux blessures aux genoux ont été des étapes importantes de ma carrière et j’ai réussi les deux fois à les surmonter. J’ai pu jouer jusqu’à mes 37 ans au plus haut niveau, je suis donc fier de mon parcours. Mes deux genoux, aujourd’hui, sont mieux qu’avant ! Je me sens beaucoup plus stable, et même plus en sécurité avec mes deux genoux opérés par le Docteur Franceschi.
> Entretien de lamedecinedusport.com du 05/09/2014