Chirurgie du pied : Le Névrome de Morton

Vous ressentez des brûlures, des douleurs ou une souffrance dans l’avant-pied ? La plante de vos pieds vous fait souffrir lorsque vous marchez ? Il y a de fortes chances que vous souffriez du névrome de Morton. Découvert en 1876 par le docteur Thomas Morton, de plus en plus de patients souffrent de cette pathologie douloureuse.

Même si le névrome de Morton peut parfois guérir seul, les douleurs auront tendance à s’intensifier en l'absence de traitement. C’est pourquoi beaucoup de patients souffrant du névrome de Morton ont recours à la chirurgie. Tour d’horizon sur le névrome de Morton !

Qu’est-ce que le névrome de Morton ?

Syndrome de Morton, maladie de Morton, ce sont tous d’autres appellations du  névrome de Morton. Cette pathologie touche le plus souvent la gent féminine.

Petit cours d’anatomie pour commencer ! Dans l’avant-pied se trouvent des nerfs appelés « nerfs interdigitaux plantaires ». Ils cheminent dans un canal fibreux se trouvant juste entre les têtes métatarsiennes en dessous d’une bourse séreuse.

Lorsque les nerfs interdigitaux sont comprimés de manière répétée, cela provoque une irritation, une inflammation, voire un gonflement. Apparaissent alors des douleurs passagères, mais très aiguës sous la plante du pied ou dans certains orteils. Cette irritation nerveuse provoque son épaississement jusqu’à l’apparition d’un « renflement ». Cet aspect épaissi ou renflé du nerf est désigné sous le terme de « névrome ». 

Quelles sont les principales causes du névrome de Morton ?

Le syndrome de Morton survient la plupart du temps à cause d’autres troubles mécaniques présents au niveau du pied, les plus fréquents étant les déformations de l’avant pied (hallux valgus, avant-pied rond, hallux rigidus, pied creux) la raideur du système suro-achilléo-plantaire (mollet, tendon d’achille et aponévrose plantaire). En effet ces troubles vont aggraver et déséquilibrer les appuis de l’avant pied, entraînant secondairement une irritation nerveuse, leur prise en charge est donc indispensable dans cette pathologie.

D’autres facteurs sont aggravants lorsque cette pathologie débute, notamment le port de chaussures étroites (souliers serrés ou à talons) qui vont augmenter la compression de l’avant pied, ou la pratique de marche quotidienne ou d’une station debout prolongée. 

Quels sont les symptômes du névrome de Morton ?

On associe plusieurs symptômes au névrome de Morton. Les plus courants sont les suivants :

Une douleur violente similaire à un coup de poignard ou à une décharge électrique sous le pied

Cette douleur apparaît généralement durant une marche prolongée, une course à pied ou une conduite automobile. Si cette douleur violente se localise le plus souvent sous la plante du pied et/ou dans certains orteils, il arrive qu’elle se diffuse sur le dos du pied et vers la cheville voire dans le membre inférieur.

Une douleur identique à celle que l’on ressent lorsqu’on marche avec un caillou dans la chaussure

La douleur est si intense qu’elle peut obliger le patient à se déchausser, et ce, même en étant dans la rue. Un massage du pied permet en général d’atténuer ce type de douleur.

Une baisse de la sensibilité des orteils

Le plus souvent localisé entre le troisième et le quatrième orteil, le névrome de Morton s’accompagne de fourmillements et d’une hypoesthésie (diminution de la sensation) des orteils. Vous ressentez un certain degré de douleur durant cette palpation ? Il est fort probable que vous souffriez de névrome de Morton.

Comment diagnostiquer le névrome de Morton ?

Le diagnostic est avant tout clinique durant l’examen de votre chirurgien. La description de la douleur est primordiale à l’interrogatoire, et l’examen clinique se concentrera ensuite sur la recherche d’une éventuelle cause mécanique (déformations du pied, raideur des chaînes postérieures) et le chirurgien du pied procédera également à un test de compression de Mulder, celui-ci consiste à localiser la douleur en reproduisant la compression nerveuse manuellement. 

Avant d’envisager une prise en charge chirurgicale, un bilan complémentaire est généralement nécessaire avec le plus souvent des radiographies des 2 pieds en position debout afin de rechercher ou de confirmer un trouble statique, et une échographie de l’avant pied pour rechercher un névrome, une bursite inter-métatarsienne ou d’autres anomalies des structures fibreuses et tendineuses locales. Dans certains cas, une IRM de l’avant pied peut également être nécessaire pour diagnostiquer un névrome de Morton.

Le névrome de Morton : quel traitement ?

Pour traiter le névrome de Morton, deux options s’offrent à vous :

  • Débuter par un traitement médical s’il n’a pas déjà été réalisé
  • En cas d’échec du traitement médical se posera alors la question de réaliser une intervention chirurgicale.

Le traitement médical contre le névrome de Morton

C’est le premier recours une fois le névrome de Morton diagnostiqué. Cela implique la confection de semelles orthopédiques sur mesure pour réduire l’appui sous l’espace intermétatarsien afin de surélever les têtes métatarsiennes à l’aide d’un coussin rétro-capital ou de traiter d’autres troubles statiques du pied.

L’adaptation du chaussage est également un élément important du traitement médical en privilégiant des chaussures souples et confortables.

En cas de raideur du système achilléen, des séances de kinésithérapie pour assouplir les chaînes postérieures et réaliser des étirements du mollet seront également nécessaires. Enfin, en complément des éléments précédents, une infiltration cortisonée de l’espace inter-métatarsien concerné pourra être réalisée à visée anti-inflammatoire.

L’intervention chirurgicale

Une intervention chirurgicale peut s’avérer nécessaire lorsque le traitement médical n’est pas assez efficace. Elle est précédée d’une consultation au cours de laquelle le chirurgien choisira la technique adaptée. Pour ce faire, il tiendra compte de :

  • la taille du Morton
  • la gravité de l’atteinte
  • les causes associées (déformations du pied, raideur de l’achille)
  • l’âge et l’état général du patient

Névrome de Morton : quid de l’intervention chirurgicale ?

La chirurgie sera différente en fonction des éléments associés au névrome de Morton, la durée d’évolution et la gravité des symptômes. 

Le traitement d’une cause mécanique (si elle est présente) est indispensable et peut suffire à soulager les symptômes sans nécessiter une chirurgie au niveau du nerf en lui-même. En effet, la correction chirurgicale d’un hallux valgus, de métatarsalgies, ou d’autres déformations, ou encore l’allongement myotendineux du tendon d’achille en cas de rétraction importante peuvent permettre une guérison du névrome de Morton. 

Parfois, un geste complémentaire nerveux est nécessaire, 2 gestes sont alors possibles en fonction du patient et de la gravité de l’atteinte : La neurolyse ou la neurectomie. La neurolyse consiste à libérer le nerf par section du ligament intermétatarsien alors que la neurectomie est une résection du nerf, réservée en général à des cas sévères ou des récidives. 

La chirurgie à proprement parler

Lors de l’intervention, vous serez :

  • installé sur un brancard pour être emmené en salle pré-anesthésie ;
  • mis sous anesthésie locorégionale pour insensibiliser uniquement le pied avant d’entrer en salle d’opération ;
  • installé sur le dos dans le bloc avec un garrot placé au niveau de la cheville pour éviter les saignements
  • la localisation et la taille des cicatrices réalisées dépendront des gestes chirurgicaux nécessaires.
  • Pour finir, le chirurgien réalise un pansement.

Remarque : l’intervention chirurgicale dure en général 30 minutes, sauf en cas de difficultés opératoires ou de gestes associés (hallux valgus, ostéotomies métatarsiennes, allongement d’achille, …). L’intervention est pratiquée le plus souvent en ambulatoire, cela signifie que vous ne serez hospitalisé qu’une journée.

Les suites postopératoires

Après la chirurgie, le pansement sera maintenu pendant 15 à 21 jours et sera refait la plupart du temps directement au cabinet par votre chirurgien ou son aide opératoire. 

L’oedème et l’hématome de l’avant pied sont des suites normales et fréquentes de la chirurgie. Mais rassurez-vous ! C’est un phénomène habituel après ce type de chirurgie. Le gonflement peut persister jusqu’aux 3 mois qui suivent l’opération (voire plus si d’autres gestes associés ont été réalisés). En aucun cas, il ne s’agit pas d’une complication. Pour limiter l’œdème, il faudra garder la jambe en position surélevée plusieurs fois dans la journée, limiter les mouvements et les déplacements les premières semaines qui suivent l’opération chirurgicale. N’hésitez pas non plus à y appliquer de la glace.

Remarque importante : la marche est autorisée après une chirurgie du névrome de Morton. Seulement, le chirurgien vous demandera de porter une chaussure thérapeutique pour votre confort du patient. Cela permet aussi d’atténuer les douleurs. Pour rendre la marche plus facile, vous pouvez même vous servir de béquilles les premiers jours qui suivent l’opération.

Arrêt de travail, disparition complète de la douleur et reprise d’activité sportive

En fonction de votre activité professionnelle et du type de geste réalisé, l’arrêt de travail à la suite d’une opération du névrome de Morton peut aller de 1 à 3 mois post opératoire. Quant à la douleur postopératoire, elle disparaîtra progressivement dans les trois premiers mois post opératoire. En fonction de l’inflammation et de la raideur post opératoire qui sont différentes chez chaque patient, ces délais peuvent varier c’est pourquoi un résultat définitif ne peut être envisagé avant 6 à 12 mois post opératoire.

Vous pourrez reprendre vos activités sportives deux à trois mois après l’intervention chirurgicale. La natation, le vélo et les sports sans impulsion sur le pied seront autorisés à partir de 1,5 à 2 mois post opératoire si l’évolution est satisfaisante.

Pour éviter un risque de thrombophlébite, vous devrez suivre un traitement anticoagulant par voie injectable ou systématique pendant 15 à 30 jours en fonction du geste réalisé. Pour atténuer la douleur après l’opération, le chirurgien vous prescrira un médicament anti-inflammatoire et antalgique. 

Consultations postopératoires

Après l’opération, des rendez-vous de consultations seront prévus afin de s’assurer de la bonne évolution.. Le premier rendez-vous se fera entre 7 et 21 jours après l'intervention pour refaire le pansement, le second sera en général entre 30 et 45 jours post opératoire. La kinésithérapie débutera le plus souvent après le premier mois postopératoire. 

D’autres consultations de suivi auront lieu par la suite, en général à 3 et 6 mois postopératoire. 

Le névrome de Morton : quelles sont les possibles complications ?

Malgré les compétences de votre chirurgien et de l’équipe qui vous prend en charge, tout traitement comporte malheureusement une part d’échec. Cet échec peut aller de la réapparition des symptômes à leur aggravation ou à d’autres risques plus importants. Ces risques peuvent être le fait du hasard, de la malchance, mais peuvent aussi être favorisés par des problèmes de santé qui vous sont propres (connus ou non, locaux ou généraux). Il est impossible de vous présenter ici toutes les complications possibles, mais nous avons listé ci-dessous les complications les plus fréquentes ou les plus graves qui peuvent parfois être rencontrées dans votre pathologie.

  • PERTE DE SENSIBILITE Après les neurectomies, une perte de sensibilité ou une diminution de sensibilité de la commissure des orteils concernés est fréquente et normale car le nerf sensitif a été enlevé complètement chirurgicalement. Cette anesthésie peut être totale ou partielle. Après une neurolyse, le nerf peut être traumatisé et entrainer en conséquence une diminution de la sensibilité ou des fourmillements de la commissure interdigitale.  
  • NEVROME CICATRICIEL Après une neurectomie, le moignon du nerf sectionné peut, dans de rare cas, cicatriser de façon pathologique (névrome cicatriciel) entraînant de nouvelles douleurs nécessitant parfois une deuxième opération.
  • PERSISTANCE DES SYMPTOMES Malgré une libération nerveuse attentive (neurolyse), le névrome peut persister, rester douloureux, nécessitant parfois une reprise chirurgicale.  
  • DOULEURS RESIDUELLES LIEES A D’AUTRES PATHOLOGIES DE L’AVANT PIED Dans les cas où la maladie de Morton s’associe à d’autres pathologies osseuses ou articulaires, le résultat clinique de la prise en charge isolé du névrome peut être incomplet.  
  • LES DOULEURS CHRONIQUES De façon aléatoire et imprévisible, après toute prise en charge médicale et/ou chirurgicale, des phénomènes douloureux peuvent persister et/ou se renforcer. Parfois des douleurs différentes peuvent survenir. Ces phénomènes douloureux peuvent s’installer dans le temps sous la forme d'un syndrome douloureux régional complexe (anciennement algodystrophie): ce syndrome peut évoluer sur de nombreux mois (en moyenne 18 à 24 mois selon les études), et laisser parfois persister des séquelles trophiques ou articulaires définitives. Des séquelles douloureuses chroniques permanentes locales et/ou à distance du foyer opératoire peuvent également survenir :
    Syndrome douloureux post opératoire chronique 
    Douleurs neuropathiques périphériques : ces douleurs sont d’origine nerveuse, leurs causes sont variables et le plus souvent elles ne sont pas liées au geste chirurgical lui-même. Leur mode de survenue, leur diagnostic et leur suivi sont complexes et peuvent relever de la compétence de spécialistes de la prise en charge de la douleur pour des propositions thérapeutiques adaptées souvent longues et parfois d'efficacité partielle. 
  • L’INFECTION Malgré toutes les précautions de désinfection et de préparation cutanée, toute incision chirurgicale expose à un risque de contamination microbienne qui peut être responsable d’une infection. Ces infections peuvent se déclarer de manières précoces ou beaucoup plus tardives. Elles nécessitent souvent la mise en place d’antibiotique, peuvent nécessiter des réinterventions chirurgicales et être à l’origine de séquelles douloureuses ou fonctionnelles. Certains facteurs comme le diabète, le tabagisme ou des immunodépressions (corticoïdes…), peuvent favoriser cette complication. 
  • LES TROUBLES CICATRICIELS Malgré tout le soin porté par votre chirurgien à la plaie opératoire et les soins infirmiers, il peut exister des troubles de cicatrisation parfois favorisés par une pathologie générale ou locale tels le diabète ou les insuffisances circulatoires par exemple. On peut ainsi retrouver un retard ou un trouble de cicatrisation pouvant aller de la cicatrice disgracieuse à la désunion ou à la nécrose cutanée. Ces troubles cicatriciels peuvent également favoriser l’infection.
  • LES COMPLICATIONS THROMBO-EMBOLIQUES Toute prise en charge chirurgicale, surtout du membre inférieur, peut favoriser la création d’un caillot sanguin obstruant les veines et réalisant une phlébite. Ce caillot peut même gagner la circulation pulmonaire et être responsable d’une embolie aux conséquences parfois graves voire fatales. La prévention de cette complication peut se faire par la mise en place d’une anti coagulation en fonction de la chirurgie et de votre état de santé.
  •  LES COMPLICATIONS DE VOISINAGE Etant donnée la proximité de la zone opératoire d’éléments osseux, tendineux, vasculaires ou nerveux, il peut exister, de manière directe ou indirecte par rapport à l’intervention, des conséquences sur ces éléments de proximité : hémorragie, hématome, parésie, paralysie, insensibilité, déficit de mobilité, raideur articulaire… Compte-tenu du lieu de la cicatrice, l’atteinte d’un petit nerf peut entraîner une insensibilité voire des douleurs persistantes. Dans certains cas, il peut être nécessaire de ré-intervenir, pour drainer un hématome, décomprimer un nerf, libérer des tendons…

Si vous souffrez des symptômes du Névrome de Morton, prenez rendez-vous dès maintenant avec un chirurgien qualifié de l’ICOS au 0 811 63 22 82 ou via Doctolib en cliquant sur le lien ci-dessous.

https://www.doctolib.fr/cabinet-medical/marseille/icos

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